C'est le jour où mon papa est né. Ma grand-mère me racontait que la petite clinique champenoise dans laquelle elle avait accouché était vraiment rustique, mais bon, tant qu'il y avait des "bonnes" soeurs, elle se sentait en sécurité (!!!). Dès le premier jour elle a dû payer pour que son fils baigne le premier dans l'eau du bain (ben oui, quoi, on ne vidait la bassine qu'après le passage de tous les bébés, erk)... et le lendemain de l'accouchement, elle s'est retrouvée seule dans la clinique pour cause de fête nationale... Baby-blues...et vive le baby-boom! Ben oui, c'est en 1946 que l'on date le début de ce phénomène, qui se termine en 1974 (!!!), ce qui fait que mes parents tout comme moi (alors ça je dois dire que je viens de l'apprendre) sommes des baby-boomers!!!
Mon grand-père est revenu à pieds des pays de l'Est où les allemands l'avaient envoyé "travailler" (vous, savez le plan "Chéri, je descends acheter des cigarettes", ben voilà, ma grand-mère y a eu droit), et il n'a pas attendu longtemps pour fonder sa petite famille (je dis petite car je suis la troisième ou quatrième génération d'enfant unique). Mon grand-père est né en 1911, son père est revenu dans un piteux état de "14-18" et sa mère n'était pas du tout maternelle, du coup il a vécu sa scolarité en pension. Au final, il a été admis aux Arts-et-Métiers, mais il a "préféré" reprendre l'entreprise de papa: Une usine de fleurs en tissus ;o) mon grand-père était peintre et dessinateur hors-pair... mais ça, qui s'en souviendra dans un siècle? Qui remerciera les travailleurs, les courageux, les battants de l'après-guerre qui ont tout repris à zéro qui ont fait que la France se veut fière maintenant... qu'elle peut encore lever la tête? Personne.
Mon grand-père est encore vivant. Il doit maudire la vie chaque jour de s'en aller aussi sûrement. S'il regarde devant et derrière il doit être bien amer de ce que nous réserve cette société égocentrique et doit jurer contre ce dieu que ma grand-mère priait si souvent, elle qui, maintenant, fait partie de ceux qui "ont tout oublié" comme on dit à la télé.
Avant qu'elle ne parte "ailleurs", alors qu'elle vacillait déjà, il lui disait "Mais laisse-toi vivre, nous n'avons plus que ça, la chance de se laisser vivre alors laisse tout ça (ses démons), repose-toi (de cette vie)."
Il a vu son fils perdre son emploi, ne pas s'entendre avec sa femme, être obligé de monter tous les jours s'occuper de lui et de ma grand-mère; il a vu sa petite fille faire des études, rencontrer un garçon dit "le beau-fils rêvé", voyager, il l'a vue ensuite revenir seule et triste, il l'a vue accepter un travail dont le salaire est misérable... il doit se demander à quoi ça sert... d'avoir tant fait toute sa vie. D'avoir construit un nid. Heureusement, ils ont été heureux. Heureux comme j'espère l'être chaque jour. Je souhaite trouver en moi leur sérénité...
Tiens,ça, ça m'y aidera peut-être ;o) :
Enfin... moi, tout ce que je voulais il y a trois ans en demandant à l'homme de mes jours un enfant de lui, c'était que ma grand-mère le prenne dans ses bras, l'embrasse et le trouve le plus beau du monde ;o)
Peut-être verra-t-elle un enfant de moi, mais elle ne saura pas qui c'est "moi".