" J’ai trop bu hier soir, trop d'alcool, trop de paroles...saoule. Et le monde, ce monde qui tourne autour sans jamais se poser, sans jamais s'attacher. Ce monde que je croise tous les jours et qui me croise aussi; d'ailleurs, on ne fait que se croiser. Pourtant, j'ai essayé, j’ai tout fait pour que cette course cesse, pour que quelqu’un s’arrête devant moi et me regarde. Non, personne ne s’est attendrie. Oh, bien sûr, il y a les humains du jour et les humains de la nuit, mais la différence ne dépend vraiment que de la lumière, comme ci ceux du jour se cachaient la nuit pour laisser sortir les "vampires". Mais on sait très bien que ce n’est pas ça, que ceux du jour font tout pour qu’on ne les reconnaissent pas la nuit, pour qu’on ne leur reproche rien le lendemain, et ce n’est que cette catégorie d’humains que je côtoie, qui me tutoie et qui couche avec moi. Homme, femme, ça ne dépend pas de moi (ou ça dépend d’eux): j’ai tellement besoin d’amour, et ils m’en donnent si peu...
Et cette nuit, rien, pas de main, pas de sein, rien. Je me suis couchée bien tard, pour Rien. Pourtant c’est samedi, et le samedi il y a un phénomène étrange qui pousse les diurnes à en faire un peu plus dans le noir. Bizarre... Le fait peut-être d’avoir le lendemain pour se lobotomiser avant de reprendre le chemin du boulot et des collègues inquisiteurs, qui remarquent tout: les yeux un peu gonflés, les cernes, chaque nouvelle ride, le kilo pris ou perdu, pourvu que ça leur fasse quelque chose à balancer. Car les collègues "balancent", c’est le propre du collègue. Et rentré chez lui, il peut être l’humain casanier, ou le transformiste qui va sortir et s’oublier un peu, qui va se laisser croire qu’il est autre, autre que ses collègues... Pauvre humain naïf et hautain!
Ceux-là commencent à sortir le mercredi ou le jeudi pour penser qu’ils sont déjà un peu en week-end. "être en week-end", ça c’est encore propre à l’humain collègue et qui n’en parle plus du tout lorsqu’il y est, puisqu’il est devenu "l’humain en week-end". Il en reparle le lundi matin, un air las pour les plus sains, et un air "j’ai trop fait la fête ce Ouique-Indeuh!" , pour ceux qui se croient malins, et qui ne le sont jamais assez. Il y a aussi ceux qui sont d’attaque dès 8 heures, prétextant deux jours à la campagne, "un amour de petit coin perdu" ou un repos bien mérité à profiter enfin de son petit chez-soi, ceux-là sont encore moins intéressants, et ressemblent finalement beaucoup aux précédents. Navrant. Et pourtant, je suis là moi aussi, je bosse comme Eux, après avoir pensé longtemps que je ne serai jamais comme Eux. Et je me force à penser que c’est trop tard, pour ne pas trop avoir à modifier mon rythme que j’ai mis tant d’années à trouver. Je suis minable. Et je le sais.
Dimanche dernier, par contre, je me suis réveillée dans les bras d’un humain marié qui ne s’en est souvenu que le matin venu. C’est souvent le cas, une mémoire qui flanche juste le temps de trouver un petit plus qu’à la maison...trois petits tours et puis s’en vont!
C’est amusant, l’humain marié. Je ne l’ai jamais été, je peux donc constater objectivement comment il se comporte en société. Evidemment, tout comme les collègues, il y en a plusieurs sortes, en fait autant de sortes que le double du nombre de mariages célébrés. Mais on peut les classer dans plusieurs catégories.
Il y a d’abord les humains mariés par amour et les autres. Sur les premiers, on ne peut pas dire grand-chose si ce n’est qu’amoureux ne veut pas toujours dire fidèle, l’un n’empêchant pas l’autre... Malheureusement pour l’Autre! .../... "