Je suis grosse. Je suis cet amas difforme qui se meut difficilement dans ma tête. Je suis cette graisse que je malmène. Je suis ces dix kilos de trop. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10. Le compte y est. Je me regarde, je me hais. Je ne me regarde pas, je ne pense qu'à ça. Il y en a qui ont des problèmes de poids. Moi, j'ai des problèmes AVEC mon poids. Oui, c'est différent. Un matin je regarde ça avec dégoût. Le matin suivant, j'accepte tout. Et le jour d'après, ça va encore changer.
Personne ne m'a jamais trouvée grosse, on m'a même trouvée "trop mince" parfois...
Il faut que vous compreniez. Un jour, à la fac, une copine de l'époque, très très très enrobée (bon, ok, grosse), prenait très mal le fait que je sois complexée. Elle trouvait ça insultant, elle pensait que je faisais ça dans le but de la rabaisser. J'ai passé une longue soirée (une nuit blanche...) à lui expliquer. Lui expliquer que son poids ne me perturbait pas plus que le mien, que pour moi nous étions pareilles (hum, en mini-short, non, mais bon, elle n'en mettait pas de toute façon), il ne s'agissait que de s'accepter ou ne pas s'accepter. Et moi, je ne m'aime/ais pas. Et, ainsi, je pouvais souffrir autant qu'elle, peut-être plus: on le sait, ça ne se quantifie pas.
J'ai perdu mon temps ce soir là car peu de temps après je me suis fâchée avec elle et une autre (amie cette fois) à cause de leur manque d'ouverture (!!!) vis-à-vis de mon ami... et je ne regrette rien. La vie manque même d'actes/occasions de ce genre pour remettre les choses en/à leur place.
J'ai toujours torturé mon corps. Je pense que le poids va de pair. Le plus flagrant une fois, il y a dix ans, ce furent 7 kilos perdus en 7 jours... on n'a pas idée à quel point le corps et l'esprit peuvent s'associer pour se détruire mutuellement. J'adorais cette espèce d'hormone, cette drogue qui me tenait debout alors que je ne mangeais qu'une pomme et/ou un bout de fromage dans la semaine. C'était assez excitant comme expérience, mais je sais, j'en suis sûre, que les conséquences sont irréversibles. Je me "souviens" de ces pertes de mémoire. Des soirées passées entre amis, et une fois rentrée chez moi, des blancs, que des blancs... en fait... je m'apercevais au bout d'une heure que j'étais sur la touche pause... des absences, on nomme ça comme ça je crois. C'était le plus "dérangeant". Comme être sous cacheton des journées et des nuits entières... mais ça, c'était avant. Avant que tout rentre dans l'ordre, avant qu'Il ne revienne. (NDLJR: cesser d'écrire sur Lui*) Puis, il y a trois ans, -10kg en un mois, plus des petites traces de mort partout sur le corps. En fait, je suis le genre de personnes qui détraque son propre système en permanence... Le problème vient s'accentuer avec l'âge... Disons qu'on ne revient plus en arrière, ce que l'on fait subir à sa chair, à sa peau sont de futures cicatrices indélébiles... (encore!)
[J'étais autrefois avec un "athlète" (*NDLJR: c'est raté!). Sans méchanceté ou prétention, il ne pouvait s'empêcher de regarder les gens avec un regard de sportif de haut-niveau, de coach. Chaque fois qu'il regardait une fille, il pariait (dans sa tête, et ça je ne l'ai su que très tard) sur le temps que mettrait sa culotte de cheval à s'installer, la cellulite à l'enlaidir... il avait un regard critique sur toutes les filles dont le métier les amène à montrer leur corps (modèles, sportives, actrices...). Et moi, jamais il ne me critiquait là-dessus. Il me disait juste que j'avais de la chance. Que j'aurais pu être bonne en sport. Et que je devrais en faire pour garder ce que j'ai... ... ... Le sport. Le sport je le vivais à travers lui: les efforts, la concentration, la fierté, parfois la déception. Une drogue, besoin de le voir gagner.]
Lorsque je suis mal, je mange, lorsque je suis très mal, plus rien ne passe. Au bout de trois jours, tout est rejeté... j'ai pris comme ça des ampoules de ???? je ne sais pas, ça avait le goût du citron et l'effet de l'acide... pour "détendre" les orifices... c'était horrible... et je me connais je sais que je suis encore comme ça. Pourtant... Arf... à quoi bon tout dire.
Je pensais avoir de nouveau de la pudeur face à cet écran, car je sais que de l'autre côté des personnes me connaissent... réellement ou virtuellement, mais maintenant ils peuvent porter un jugement.
Je m'aperçois que ce post est très confus... mes yeux piquent en le relisant. Je fais des efforts pourtant. C'est le fouttoir dans ma tête alors, forcément, ça l'est aussi lorsque je retranscris tout ça. Sacré sujet à la con. Merde, j'ai mal. Et je vais me coucher.
Au moins, tu es franche, et tu ne te fais aucune concession... Pourtant, autant que je sache, ce n'est pas à nous de te juger, tu le fais très bien toute seule, avec cette étonnante lucidité d'esprit qu'ont les personnes qui ne s'acceptent pas...
Je ne sais pas quoi te dire, je ne suis pas toi, mais j'admire le fait que tu parles de ce problème avec, disons, autant de facilité alors que je sais que c'est pas le cas...
Pffff... Si tout est confus dans ta tête, moi, je viens de m'apercevoir que je publie un post un peu inutile... Tant pis, j'assume ma connerie...
De quel droit pourrions nous juger, te juger... ? Putain mais ma belle, je t'aime et je ne comprends pas, enfin si je comprends, mais ce n'est "qu'un' blog, les gens qui te lisent sont, en général, assez mûr pour comprendre, ou du moins essayer, même s'ils ne sont pas d'accord...
Ce que j'écris n'a aucun intérêt...
Alors seulement écrire que je pense à toi, que je t'aime et que... rien c'est bon. Bisous ma twa.
Le pire n'est pas sûr
Ecrit par raoullefranc le Jeudi 19 Juin 2003, 10:16
C'est difficile de répondre quelque chose, parce que forcément, on comprend les choses par rapport à soi, à sa propre vie, donc on dit des choses qui vaudraient pour soi mais pas forcément pour la personne à qui ça s'adresse... Tant pis, je dis quand même ce que je pense à titre de témoignage... Je pense qu'il n'est pas certain que les choses empirent avec l'âge comme tu sembles le penser. Parce que le problème est dans ta tête et qu'avec le temps, ça peut avancer dans la bonne direction. Moi c'est ce que j'ai constaté (pas vraiment pour le même problème, mais peu importe). Je te souhaite de constater la même chose. Tu verras, vers 63 ans, tu te sentiras beaucoup mieux! (Non, là, je blague)
Re: Le pire n'est pas sûr
Ecrit par Margotte le Jeudi 19 Juin 2003, 10:24
Merci. Mais en fait, avec l'âge, je me "dévoile" plus, j'ai moins de complexe en général, ce que je voulais dire c'est que le corps s'en remet moins bien... Voilà.
ca vaut pas grand chose mais
Ecrit par Lili-la-tigresse le Jeudi 19 Juin 2003, 13:51
cce que je vais dire ne vaut peut-etre que pour moi mais... Mon corps n'est plus mon allié non plus...enfin disons que nous vivons une relation en dent de scie, au gré de mon moral et de mon état d'esprit. Il me sert, quand je veux me cacher: il me protege par ses formes, il seduit malgré elles, donc, somme toute, il m'aide : je suis cachée dedans, les autres s'y font et tout va bien.. Puis, de temps en temps il me fait payer le fait que malgré tout je ne l'aime pas... en fait je ne m'aime pas... Il m'est utile mais il a des ratés, comme pour me dire qu'il n'est pas dupe de mon petit manège... et moins je vais, plus il me lache...je crois que nous avons besoin d'un conseiller conjugal sinon on court au divorce... si j'en trouve un, jte file le numéro?
Ecrit par misschococat le Jeudi 19 Juin 2003, 15:42
le corps et l'esprit vont de pair: à chaque fois que je suis au régime, je déprime. Les tortures qu'on lui inflige nous occupent malgré tout, ça nous évite de penser à ce qu'il y a à l'intérieur.Et puis, lorsqu'on ne peut plus contrôler l'esprit, on se venge sur le corps.
Re:
Ecrit par Torcida le Vendredi 20 Juin 2003, 20:54
Exact.C'est lui qui prend tout.J'ai une relation avec la nourriture tres variable.Suivant mon humeur et tout.Parfois c est periode;"je mange plus" ensuite c est "retour a la normale"...Enfin meme quand mon corps se plaint de la disette,je ne l ecoute pas.Je le fais souffrir.Je suis sadique avec lui (avec moi).Et pis cette constituion de m...qui fait que les unes peuvent manger ce quelles veulent sans prendre un seul gramme et les autres qui s'astreignent a un regime draconien pendant des mois.C est injuste. Un corps "qui parle"...(bon ils parlent toujours de nous) et heu..je sais plus