J'ai
beaucoup parlé ces derniers mois. Parlé, pas écrit. Je croyais que
l'horreur s'écrivait, je croyais que le malheur s'étalait sur
papier. En fait, non... On a besoin de le crier, de le pleurer...
enfin pour moi c'était comme ça. Et puis, du jour au lendemain, plus
envie/besoin du tout d'émettre un quelconque chagrin, tout redevint
très intime, les pleurs nocturnes et les cris étouffés. C'est pour ça
qu'il fut très difficile de revenir ici. Pas envie, mais envie tout de
même, petite bataille avec soi-même.
Je suis devenue ironique: "On aurait dû prendre un abonnement au
crématorium, deux crémations, la troisième gratuite..." bon, c'est pas
malin, mais ça calme ma rage!
Ce n'est pas que j'ai grandi dans un cocon aseptisé, des épreuves, nous
en avons connu. Mais celles que nous venons de passer, peu de gens les
subissent, et heureusement.
Tant de violence, tant de douleur qui pulvérise tout à l'intérieur, un écartèlement psychologique ET physique, sauf que c'est l'esprit qui se détache du corps, comme un membre à part entière.