Incubus Succubus
Quelle est donc cette fille qui prend possesion de mon corps, une fois encore? Ce corps que, par ailleurs, j'abhorre. Qui est cette démone qui met l'imperfection entre mes yeux et chaque chose qui m'entoure... qui rend incolore chaque couleur, qui souffle la moindre lueur douce qui éclaire mes pas dans la nuit qu'est ma vie. C'est mauvais tout ça, elle me pousse à ne pas/plus savoir m'exprimer. Elle tente de tout controler. Elle me fait voir le noir, me fait perdre l'espoir. Elle me meurt. Je n'ai pas demandé tout ça. Et elle n'est pas toujours là. Plus souvent le soir, plus souvent au calme... Le bonheur n'y fait rien, toujours elle revient. Elle s'immisce, se fait complice de mes déboires, se fait l'amante de mes angoisses, elle jubile. Elle pousse dans le gouffre et ELLE JUBILE. Et moi, je me noie. Je relève un peu la tête, parfois, mais elle tape fort dans la nuque, et je succombe, elle imprègne alors chaque parcelle de mon corps, chacune de mes veines et pollue ma sève déjà troublée par ses assauts passés. Je devrais bien la connaître à présent et me/la battre, mais elle anticipe toujours, elle me domine et gagne chaque fois. J'ai voulu l'abîmer, la mettre à mal (?), faire saigner, déchiqueter, broyer... mais c'est moi qui porte les cicatrices, les traces du M/mal. Là, par exemple, elle me fait voir des choses étranges, une ombre qui se déplace seule, dans la rue, un regard que mon ami ne porte pas sur moi, mes doigts, mes cuisses, mon ventre rond... elle déforme tout. Qui croire??? Je suis seule dans ma tête, dans mon coeur, personne à l'intérieur pour comprendre ce qu'elle tisse... elle se déplace comme le feu, en suivant le vent, suivant la piste de mes douleurs, de mes démences... elle s'y connaît, la Garce, elle sait où se camper... depuis hier, dans les viscères, demain sans doute choisira-t-elle ma tête pleine de noeuds qui font des méninges un fatras où elle pourra loger à loisir sans se faire remarquer de trop. Cette fille qui m'habite, mi-elle, mi-moi, (c'est pourquoi elle est si forte) s'enrichie de mes faiblesses. Et je la déteste. Je meurs à demi-maux.
Ecrit par Margotte, le Samedi 21 Juin 2003, 00:19 dans la rubrique "First Steps...".
Repondre a cet article
Commentaires:
|