Un bel après-midi comme ça, où le soleil se déverse du sol trop blanc aux plafonds trop hauts, rien de plus beau qu'un doux fado... lorsque je suis triste, le fado met des notes sur ma douleur, lorsque je vais bien, il met des couleurs dans mon coeur, Cascais me manque, Sintra aussi, ses quintas perdues dans la brume d'août, ses châteaux de Belle au bois Dormant... ne pas remuer, non, y retourner!!! Depuis une semaine je vais à pied(s) travailler, je reprend goût aux odeurs grâce au marché et ses fruits dégoulinants de saveurs d'été, ses olives luisantes et piquantes, les sourires des vendeurs de melons, regards aguicheurs pour nous donner envie d'asperges, poivrons ou tomates juteuses et parfumées. Au retour, le marché est vidé, les machines nettoient les pavés, les chiens jouent sous l'eau projetée et moi, j'achète mon pain, comme dans une vie normale... et puis il y a eut ce petit chuintement en l'air, j'ai cherché, cherché longtemps les yeux vers le ciel, les arbres, les toits... un léger bruit dans le vacarme ambiant des engins nettoyants, comme une petite poulie qui grincerait. Et j'ai trouvé: un frêle pigeon marron (une femelle j'en suis sûre...), perché sur un mur, tout malingre, peut-être blessé, peut-être malade, peut-être perdu... j'ai trouvé ça triste, idiot de ma part, mais triste quand même... hier c'est un homme qui m'a rendue ainsi un peu démunie, face à un homme ou à un oiseau, quand on se sent impuissant, on se sent impuissant... (et dire que je voulais faire de l'humanitaire, laisse tomber!).