Je sais, ce n'est pas beau. C'est même très laid, et encore, j'ai réduit l'image exprès...
En sortant du travail, à 13h30, je suis passée par une rue où je ne
passe jamais, mais comme aujourd'hui j'avais décidé de prendre des
photos sur ma route, je cherchais des coins un peu en retrait...
Petite rue. Immeubles. Portail et chemin menant à des garages...
j'aperçois une petite forme de dos, un petit chat que je commence déjà à viser dans
mon objectif, je sifflote, "minou minou", et ce que je vois dépasse ce
que j'aurais pu imaginer de pire... et je n'attendais rien de ce genre.
Le frêle animal se dirige vers moi en miaulant faiblement, râlant en même
temps... L'horreur: les yeux embués, purulents, le corps décharné, la
teigne grouillante, des croûtes partout sur la face... et il miaule
vers moi, se rapproche, je ne recule pas. Je prends deux photos avant de
réfléchir à quoi faire, à comment (ré)agir. Je me baisse, sais
parfaitement que je ne peux pas le toucher, je le rassure, fais des
petits bruits avec ma bouche, parle doucement, il se cale derrière le
portail, ne bouge plus, respire difficilement.
Je demande à une passante un mouchoir en papier, je pense à l'instant
où, peut-être, il s'approchera si près de moi que je voudrais le
caresser, je le ferais donc les doigts enveloppés.
J'appelle mon amie qui travaille dans le coin vers cette heure-ci, une
vraie mère poule pour les animaux souffrants. Elle arrive, constate, et
file chercher une cage chez le vétérinaire à une rue de là.
Je continue de murmurer en direction de l'animal plaintif. Elle revient
peu après, bredouille, le cabinet vétérinaire est fermé. J'appelle alors les
pompiers, je cafouille, ils finissent par comprendre, j'insiste un peu
pour que l'on prenne en charge la pauvre bête, j'explique que je
l'emmènerais bien à la SPA, seulement je ne peux même pas le prendre
dans mes bras, la teigne si vous ne le saviez pas est contagieuse
animaux-humains. "On vous envoie quelqu'un".
Mon amie file travailler après m'avoir fait promettre de lui donner des nouvelles du petit chat.
De sales gros pigeons lui tournent autour, il ne bronche pas... je leur
lance des gravillons, non, bien sûr, ils sentent la faiblesse, la
maladie, le moyen de tâter de la protéine (ah bon? ben oui!).
Une voisine me demande ce que je fais là, je lui explique, elle me dit
que c'est un chat du quartier, qu'on s'en occupe, blablabla... Au bout
d'un moment, voyant que j'étais bien décidée à rester là, elle se met à
me parler un peu plus franchement... "Il est là depuis un moment, une dame
le nourrit, elle dit qu'il mange bien et qu'elle le soigne, elle dit
lui donner des cachets, mais on voit bien chaque jour qu'il vomit et
que rien n'arrive de bon pour lui, ..."
Les pompiers arrivent... "V.?!" Là devant moi le petit frère de mon
ex-contrebassiste... je lui fais confiance, ils mettent des gants
épais, sortent une cage du fourgon. Petit chat se débat un peu, ils le
rattrapent par la queue, mon coeur se serre, mais que faire
d'autre......?
Ils me disent qu'ils le mènent chez un vétérinaire Boulevard Cunéo, je dis que je prendrais des nouvelles de lui...
Je continue mon chemin, un peu chose, un peu fébrile... j'appelle ma
copine pour lui donner les dernières infos, puis mon homme pour tout lui
raconter, besoin de parler.
J'arrive chez moi, il est 14h15, à 15h je dois être à mon atelier d'écriture, je mange donc vitesse grand V. L'atelier
d'aujourd'hui part dans tous les sens.... mais j'écris, j'écris,
j'écris... je cesse lorsque mon critérium n'a plus de mine, ça fait
rire les autres qui me voyaient gratter le papier de façon si énergique. Dix-sept
heures vingt je suis chez moi. Je cherche le numéro du vétérinaire et
j'appelle. C'est occupé en permanence. Je patiente et finit par tomber
sur une dame qui me dit que "non, il n'ont pas reçu de petit chat, que
Madame Clément a déjà demandé qu'on la prévienne de son arrivée, qu'ils
n'ouvrent qu'à quinze heures et qu'il se peut donc que les pompiers
leur amène maintenant seulement. Je donne mon nom et mon numéro de
téléphone pour qu'ils sachent que quelqu'un est derrière, pour des
soins peut-être, pour lui payer un dernier confort....... J'appelle les
pompiers. "-Le petit chat? Oui, mais on est venu le chercher. -Quoi? Mais comment ça? -Oui, une dame est passée et l'a récupéré, elle a dit que c'était le sien. (Je tombe des nues, je grince.... je parle un peu dans le vide.) -Ce
chat est malade, il a peut-être la teigne, c'est grave pour les autres
chats, aussi. Si vraiment il est à cette dame, comment peut-on...
comment peut-on laisser arriver ça? Il était sale, squelettique et
malade... Comment peut-on???" Je rappelle le vétérinaire. J'ai
appris ainsi que Madame Clément était une dame qui se charge des chats
des rues, bon à savoir. Cependant je reste affligée par la nouvelle du
chat reparti. Je me prépare, je vais regarder Comme une image
dans un cinéma d'art et d'essai. Un film comme on l'espère souvent. Et
à part deux trois apparitions du micro en haut de l'écran :o( ce film
est un bon film, je pourrais rester encore une heure face à l'écran encore une heure au moins... Au retour je rappelle ma copine, elle trouve ça louche le petit chat qui est récupéré, me met des soupçons en tête... Bref. Pas envie d'en écrire plus.
Ecrit par Margotte, le Samedi 2 Octobre 2004, 01:44 dans la rubrique "C'est la fin...". Repondre a cet article
Commentaires:
Ecrit par Vendredi le Samedi 2 Octobre 2004, 02:03
C'est malheureux, ce que je vais dire, mais j'espère qu'il est au paradis des chats et qu'il ne souffre plus, à l'heure qu'il est...
Je trouve bizarre quand même que les pompiers, connaissant l'état du chat, l'aient laissé repartir avec la première personne qui se soit présentée en disant "C'est mon chat, je voudrais le récupérer...".
La logique aurait voulu qu'ils le confient à un vérérinaire déjà, même s'il devait ensuite être mis à la SPA...
Pas logique du tout, cette histoire... J'espère, comme Vendredi, qu'il a rejoint le paradis des chats, et qu'il ne souffre plus...