Comment ne pas oublier une lettre que l'on doit écrire...? L'écrire!
"Mon cher F.,
Permets moi de te dire avant tout que tu me manques.
Ceci étant fait, le plus important a été écrit.
Bien sûr, la vie d'avant, globalement, me manque et tu étais notre ami de cette vie d'avant. Tu avais baptisé la family et tu étais au courant de nos frasques avant que nous-mêmes en ayons pris conscience. Je me souviens bien du dernier week-end où je t'ai vu, chez moi/nous, à Paris, ce dernier week-end dans mon ancien chez-moi/nous...
Après que V. se soit couché, je t'ai demandé:
"-tu n'as rien remarqué?
-Non.
-Nous ne sommes plus ensemble.
-... ."
Oui, il y avait de quoi s'étonner puisque nous avions parlé toute la soirée d'un futur week-end en Finlande/Hollande/Islande où tu mettrais ton appartement à notre dispositions.
Ce week-end qui n'a jamais existé... "
Merde... même une lettre virtuelle me fait chialer, je vais me coucher...
Pourquoi éditer ça? Je fais quoi, là... à quoi ça sert tout ça. Le faire lire à des "inconnus", alors que ça devrait sortir de moi devant Lui, devant mon présent... Lui expliquer tout ça, les regrêts, les espoirs suicidés, les maux d'avant... Je cherche quoi? Je ne sais même pas... je ne me parle même plus à moi-même, là, je parle dans le vide sidéral de ma vie... qui ne me convient pas/plus.
"Tu as tout pour être heureuse" PUTAIN de phrase à trois sous.
Tu me la servais souvent celle-là... Oui souvent face à mes états de crise. Finalement je me demande comment tu as pu tenir aussi longtemps... C'est une maladie qui m'habite, oui elle m'habite seulement car parfois, elle va visiter d'autres corps puis revient dans le nid qu'elle a minutieusement arrangé en moi...
Rien ne me va... ni le Bien, ni le Mal. Le Mal me fait du bien, parfois, et le Bien en devient banal.
J'aimerais avoir 80 ans pour voir si, enfin, j'ai oublié, si enfin, ce n'est plus douloureux...
J'aimerais avoir 20 ans, mais avec dans la poche, une longue l'être (wow, c'est une si jolie faute que je la laisse!!!) écrite par ma main aujourd'hui... (Oui, j'ai encore regardé ce soir ce film que j'aime beaucoup: Suspicion...)
Tout ça me rappelle une réponse que j'ai donné un soir à "Si vous aviez un souhait, un seul, quel serait-il? -Revenir 5 ans en arrière avec ce que je sais maintenant". Je pense que j'ai répondu ça il y a un an, peut-être moins, je ne sais plus.
J'aimerais être moi, mais être autre. J'aimerais ne plus être parfois, souvent, bref.
De toute façon, quelqu'un qui se rate (s'est ratée) aussi souvent, c'est quelqu'un qui a encore des choses à vivre, non? Oui, mais. Quelles choses??? Seront-elles douces et roses? Seront-elles le reflet de cette putrid flesh que je traîne derrière moi (devant aussi des fois) depuis que j'ai su parler (avant je ne me souviens pas>j'ai d'ailleurs une théorie sur ça, il faut que je pense à en parler, mais pas là...)?
Putain de sensibilité, on en souffre, on en meurt, au final, on emportera ça dans la tombe! Et après? Pfff
Il dort, je ne dors pas. Il joue, je ne joues pas. Il mange, je ne mange pas. Je parle, il n'écoute pas.
01:50
Toujours ce même état. Celui qui me fait aimer mes souffrances passées, me faisant croire qu'elles étaient moindres, état qui me fait venir ces images mortes d'une vie morte, me faisant penser que c'était ça mon existence, pas cet ersatz de présent où je promène ma nonchalance, semblance...
J'ai tout cassé autour de moi... NON, pas ça, tout S'est cassé autour de moi, et il faut que je M'arrête de croire que je dois ramasser et recoller... de toute façon, aujourd'hui, il manque des morceaux.
Je te savais sensible, Margotte, mais là, j'avoue franchement que je suis non seulement surpris, mais touché aussi par autant de finesse, de subtilités et de sensibilité...
En te lisant, je me retrouve aussi pas mal dans cette description que tu fais de toi et de ta vie, à la différence près que tu es une femme et que je suis un homme... Il n'empêche que ma sensibilité me fait souffrir aussi, et que, comme toi, j'aimerais pouvoir retourner, non pas 5 ans en arrière, mais 10 ans en arrière avec tout ce que je sais...
Finalement, le fait d'être sensible ne concerne que nous, et ceux qui ont les mêmes dispositions que nous, le reste du monde s'en fout....
Tu as su écrire d'une façon que je n'aurais jamais eue tout ce que je ressens sans pouvoir l'exprimer pleinement.... Merci, Margotte...
bon... je me vois mal me lancer dans de grandes leçons, philosophie de comptoir à trois centimes d'euro... Je peux tout au plus te poser des questions, floues au possible, pour te laisser y répondre. Je peux être là mais ce combat n'est pas le mien. Le chemin, celui qui avance je ne peux pas te le montrer, je ne sais pas du tout où il est. Mais je sais qu'il n'est pas dans le passé, tu peux y trouver des informations, y puiser des resources, des leçons, mais pas retourner là bas.
Je... pfff excuse moi c'est nul, c'est "facile", ce que je dis...
Ecrit par misschococat le Mardi 20 Mai 2003, 15:20
les morceaux que tu as perdu, tu les retrouveras, mais ce ne seront peut-être plus les mêmes, et ils te serviront peut-être à construire un nouveau puzzle.
Je suis persuadée, et nous en avons déjà parlé, que ce retour en arrière est la conséquence de ton insatisfaction actuelle. Ne te mens pas. Ne te retourne plus.
Re: