Les plafonds sont très hauts ce qui évite d'en voir la saleté. Les murs ont leur papier vieillot arraché par endroits. Le lit en fer est scellé au sol. Pas de poignée à la porte, pas de clanche (ou clenche, chacun peut choisir!) aux fenêtres. Des "vitres" en plexiglas rayées et sales ne laissent pas assez entrer la lumière du jour. Une sorte d'armoire en formica est fermée par un cadenas "à cause des vols". Il n'y a qu'une chaise. Les verres sont en plastique. Pas de lavabo, pas de wc, rien. Il paraît que c'est une chambre pour les "agités" (à l'adolescence, c'était pour moi un compliment, agité...). Le plafonnier s'allume de l'extérieur et sa lumière est morne. Il met la petite table à repas derrière la porte pour dormir, des fois que quelqu'un veuille s'introduire en douce. De toute façon, son sommeil est fragile. Le matelas est mou, le sommier déglingué et les draps sont tâchés. Il y a des cris dans le couloir, une fille veut qu'on lui ouvre la porte d'entrée au service, porte fermée à clef jour et nuit. Il y a un réfectoire qui coupe l'appétit. On peut regarder la télévision dans une salle où les autres peuvent jouer aux cartes en même temps, et ça peut être bruyant. Et à 18 heures, le couloir se remplit, il y a distribution des cachets au fond. Mais lui, il n'en a pas, lui, il n'en veut pas. Il donne l'impression de prendre ça comme une expérience, on dirait que sa bulle s'est reformée à l'intérieur de ce vieux bâtiment sans âme. Alors qu'on l'y a placé parce que la bulle avait éclaté trop violemment .../...